26 juin 2015
Le succès est la somme de petits efforts répétés jour après jour. – Leo Robert Collier
Une des pires et des meilleures journées de ma vie ! Je suis passée par toute la gamme des émotions. Dans un décor digne d’un film, j’étais comme une petite fille qui appréciait chaque vue. La journée avait super bien commencé : belle température, jambes en forme et aucune difficulté à suivre le trajet. Je me suis attardée aux séquoias, impressionnée. Tout allait bien jusqu’à ce que la gourmandise me fasse faire une erreur majeure. J’ai voulu prendre une barre dans la poche de côté de mon sac à dos, en roulant. J’ai accroché mon cellulaire qui s’y trouvait aussi et ce dernier s’est retrouvé à plat sur la route. Résultat : il ne fonctionne plus. Comme c’était la dernière journée et que je devais traverser plusieurs villes pour me rendre à destination, en plus d’emprunter un traversier, je comptais sur l’aide précieuse de cet outil technologique pour m’indiquer le droit chemin, en temps et lieux. Et puis, j’étais dans l’impossibilité de téléphoner à ma précieuse aide au Québec. Habituellement, mon trajet est aussi sur ma tablette mais, hier, je n’ai pas pu me connecter au wifi et donc je n’ai pas mis mon trajet sur ma tablette. J’ai donc dû me débrouiller par moi-même pour trouver une solution. Sur le coup, mon réflexe a été de rouler vers l’ouest tout simplement, en versant toutes les larmes de mon corps. Un peu ridicule comme situation, mais ça a été tellement libérateur ! Après une heure à rouler sans vraiment être certaine d’être dans la bonne direction, j’ai élaboré un autre plan ; demander aux gens de me connecter à leur wifi pour pouvoir utiliser ma tablette. Ainsi, je pourrais contacter ma mère et obtenir les indications nécessaires pour me rendre à bon port. Bizarrement, personne n’a voulu m’aider. Tous m’ont trouvée louche et n’ont pas cru mon histoire. J’avais sûrement le visage un peu décomposé par la tristesse et la fatigue… J’ai donc essayé de demander mon chemin à un cycliste rencontré par hasard. Il me faisait tourner sur une route qui allait beaucoup trop au Sud à mon goût… je n’ai pas suivi ses indications. Finalement, j’ai repéré un hôtel de ville et m’y suis arrêtée. Je suis entrée et ai expliqué ma situation à la secrétaire. Elle m’a tout de suite assurée qu’elle m’aiderait et qu’elle avait les outils nécessaires pour que je puisse retrouver mon chemin. Aussitôt, le stress est tombé et je me suis mise à pleurer…encore ! Compatissante, elle m’a offert un mouchoir et un verre d’eau en me disant de m’asseoir le temps qu’elle rassemble les informations nécessaires pour m’aider. Je finis par accéder au wifi et contacte ma mère. Je lui raconte brièvement ce qui se passe et lui demande de m’envoyer un plan que je pourrai imprimer grâce à l’imprimante maintenant à ma disposition. Tout se règle en moins de cinq minutes, je suis remotivée ! Avant de quitter, j’aperçois un groupe de femmes à l’entrée et quelques-unes m’interpellent pour me demander ce que je fais ici, habillée en cycliste. Je leur raconte ma journée et m’excuse d’être «a mess». Elles me disent qu’elles sont toutes aussi mal-en-point, puisqu’il s’agit d’une maison pour femmes violentées. Je suis sous le choc, je m’étais complètement trompée sur l’endroit où j’étais atterrie. Dans la confusion, je félicite toutes les femmes d’être ici et les remercie… J’espère qu’elles ont compris que je voulais les encourager. Je serai éternellement reconnaissante à la secrétaire qui a pris le temps de m’aider alors que son temps est aussi précieux. C’est une vraie personne de cœur qui n’a pas eu peur de mon désarroi, habituée qu’elle est d’assister des femmes prises dans des situations assez difficiles. Je finis par atteindre le traversier de Nanaïmo en fin d’après-midi. Quel soulagement ! La dernière étape de mon périple s’achève. J’avoue qu’à un certain moment, je n’y croyais plus ! J’ai terminé la journée par une petite chute étant donné que la dame s’occupant de l’embarquement des cyclistes était vraiment intense et me poussait dans le derrière pour que je me dépêche. Ce n’est pas si évident de «clipper» sur ses pédales quand on te met la pression, que tu es sur une surface glissante et que tu as un sac à dos de vingt livres sur le dos. Je m’en suis tirée avec plus de peur que de mal heureusement…et aussi une petite atteinte à l’orgueuil !

Finalement, la fierté que j’ai ressentie en voyageant sur le traversier est sans borne. En débarquant, j’ai rejoint la route pour Victoria et j’ai trouvé la ville très belle. C’est un hybride entre Montréal et Québec. Par contre, je suis actuellement en plein centre-ville et je dois avouer que je me sens mieux dans un milieu moins urbain. J’ai pu profiter de la beauté de l’eau et de la fraîcheur du vent en soupant. Ça fait changement des chambres de motel. Bref, j’ai réussi ! En 23 jours, je suis à l’autre bout du pays. Je suis fière de moi et ma confiance est infinie. C’est la première étape vers une version de moi améliorée, j’en suis convaincue. Plus de 5000 kilomètres parcourus, je sais que je n’ai pas pris le chemin le plus court. J’ai des anecdotes à n’en plus finir, je suis changée, c’est sûr!